Les ministres britanniques retardent la réglementation de l’IA
La régulation de l’intelligence artificielle (IA) au Royaume-Uni a été retardée d’au moins un an, alors que les ministres prévoient de présenter un projet de loi complet pour réglementer la technologie et son utilisation des matériaux protégés par le droit d’auteur.
Un projet de loi complet à venir
Peter Kyle, le secrétaire à la technologie, a l’intention d’introduire un projet de loi sur l’IA « complet » lors de la prochaine session parlementaire afin de répondre aux préoccupations concernant des enjeux tels que la sûreté et le droit d’auteur.
Ce projet ne sera pas prêt avant le prochain discours du roi, prévu pour mai 2026, ce qui pourrait soulever des inquiétudes quant aux retards dans la régulation de cette technologie. Initialement, le parti travailliste avait prévu d’introduire un projet de loi sur l’IA de manière plus restreinte, axé sur des modèles de langage volumineux comme ChatGPT.
Contexte et préoccupations
La législation aurait exigé que les entreprises transmettent leurs modèles pour des tests par l’Institut de sécurité de l’IA du Royaume-Uni. Elle visait à répondre aux inquiétudes selon lesquelles les modèles d’IA pourraient devenir si avancés qu’ils poseraient un risque pour l’humanité.
Toutefois, ce projet de loi a été retardé, les ministres choisissant d’attendre et de s’aligner sur l’administration de Donald Trump aux États-Unis, de peur qu’une régulation ne diminue l’attractivité du Royaume-Uni pour les entreprises d’IA.
Inclusion des règles de droit d’auteur
Les ministres souhaitent maintenant inclure des règles de droit d’auteur pour les entreprises d’IA dans ce nouveau projet de loi. Selon une source gouvernementale, « nous pensons pouvoir utiliser ce véhicule pour trouver une solution sur le droit d’auteur ».
Des réunions ont eu lieu avec des créateurs et des experts techniques afin d’explorer des solutions. Ce travail commencera sérieusement une fois que le projet de loi sur les données sera adopté.
Controverse avec le secteur créatif
Le gouvernement est déjà en conflit avec la Chambre des Lords concernant les règles de droit d’auteur dans un projet de loi sur les données distinct. Ce projet permettrait aux entreprises d’IA de former leurs modèles en utilisant des matériaux protégés par le droit d’auteur, à moins que le titulaire des droits ne choisisse de s’opposer.
Cela a provoqué une ferme résistance de la part du secteur créatif, avec des artistes tels qu’Elton John, Paul McCartney et Kate Bush soutenant une campagne pour s’opposer à ces changements.
Récemment, des membres de la Chambre des Lords ont soutenu un amendement au projet de loi sur les données qui exigerait que les entreprises d’IA divulguent si elles utilisent des matériaux protégés pour former leurs modèles, dans le but d’appliquer la législation actuelle sur le droit d’auteur.
Engagement du gouvernement
Cependant, les ministres ont refusé de céder, même si Kyle a exprimé des regrets concernant la manière dont le gouvernement a abordé les changements. Le gouvernement insiste sur le fait que le projet de loi sur les données n’est pas le bon véhicule pour traiter la question du droit d’auteur et a promis de publier une évaluation de l’impact économique ainsi qu’une série de rapports techniques sur les questions liées au droit d’auteur et à l’IA.
Dans une lettre adressée aux députés, Kyle s’est engagé à établir un groupe de travail interpartis de parlementaires sur l’IA et le droit d’auteur.
Opinion publique
La majorité du public britannique (88 %) pense que le gouvernement devrait avoir le pouvoir d’arrêter l’utilisation d’un produit d’IA s’il est jugé présenter un risque sérieux, selon un sondage publié par des instituts de recherche. Plus de 75 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement ou les régulateurs devraient superviser la sécurité de l’IA plutôt que les entreprises privées.
Scott Singer, un expert en IA, a déclaré : « Le Royaume-Uni se positionne stratégiquement entre les États-Unis et l’UE. Comme les États-Unis, la Grande-Bretagne tente d’éviter une réglementation trop agressive qui pourrait nuire à l’innovation, tout en explorant des moyens de protéger efficacement les consommateurs. C’est là le défi à relever. »