Les nouveaux organes de gouvernance de l’IA de l’ONU expliqués
Les Nations Unies ont lancé deux nouveaux organes de gouvernance de l’IA : le Dialogue Mondial sur la Gouvernance de l’IA et le Panel Scientifique International Indépendant sur l’IA.
Cette nouvelle architecture vise à promouvoir une forme de gouvernance internationale de l’IA plus inclusive. Selon un rapport du Forum Économique Mondial intitulé Advancing Responsible AI Innovation: A Playbook, des écosystèmes d’IA fiables seront un facteur différenciateur essentiel permettant à l’IA de se développer de manière sécurisée, durable et inclusive.
Contexte et enjeux
L’intelligence artificielle n’est pas de la science-fiction, mais une réalité de la vie moderne. Ce message a été répété lors de la récente réunion de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York, où les intervenants ont souligné les risques et les opportunités liés à l’IA, incitant les gouvernements à s’assurer que cette technologie bénéficie à tous.
Il est urgent d’agir. Selon un rapport de l’ONU, 118 pays ne participent à aucune initiative internationale significative de gouvernance de l’IA. La croissance des outils d’IA n’a pas encore été accompagnée de règles efficaces et acceptées au niveau international pour gouverner cette technologie.
Une initiative globale inclusive
L’Assemblée Générale de l’ONU a cherché à remédier à cette situation par le biais d’une réunion de haut niveau sur la gouvernance de l’IA, rassemblant diplomates, scientifiques, membres de la communauté technologique, secteur privé et société civile.
C’était la première fois que les 193 États membres de l’ONU étaient consultés sur le développement de la gouvernance internationale de l’IA, marquant ainsi le lancement de deux nouveaux organes : le Dialogue Mondial sur la Gouvernance de l’IA et le Panel Scientifique International Indépendant sur l’IA.
Un écart majeur dans l’adoption responsable de l’IA
En tant que « technologie évoluant le plus rapidement dans l’histoire humaine », l’IA transforme déjà le monde. Elle aide les professionnels de la santé à accélérer les diagnostics et traitements, améliore l’efficacité de la fabrication et permet une meilleure surveillance et prédiction climatique.
Cependant, pour tirer pleinement parti de ces avancées, une adoption généralisée de pratiques d’IA responsables est essentielle. Malheureusement, moins de 1 % des organisations ont pleinement opérationnalisé l’IA responsable de manière globale et anticipative, selon le rapport du Forum.
Les approches fragmentées de la réglementation constituent l’un des obstacles auxquels les entreprises sont confrontées pour surmonter cet écart, qui s’étend à travers les secteurs et les régions. Si cela n’est pas résolu, cela pourrait éroder la confiance du public dans l’IA et nuire aux investissements.
Un système d’alerte précoce pour la gouvernance de l’IA
Actuellement, seuls sept pays – tous issus du monde développé – participent à toutes les initiatives mondiales significatives de gouvernance de l’IA. Les nouveaux organes lancés par l’ONU visent à initier une forme de gouvernance internationale beaucoup plus inclusive.
Le Dialogue Mondial sur la Gouvernance de l’IA servira de forum pour que les gouvernements, l’industrie, la société civile et les scientifiques partagent les meilleures pratiques et approches communes pour gouverner l’IA.
Il est conçu pour promouvoir l’interopérabilité entre différentes strates de gouvernance et encourager l’innovation ouverte, rendant ainsi les outils et ressources accessibles à tous.
Le Panel Scientifique International Indépendant sur l’IA, quant à lui, sera composé de 40 membres experts qui fourniront des informations basées sur des données concernant les opportunités, les risques et les impacts de l’IA.
Ses conclusions informeront le Dialogue Mondial, et l’ONU le décrit comme le système d’alerte précoce du monde, aidant à séparer le signal du bruit et la prévoyance de la peur.
Permettre une innovation sécurisée
Les experts qualifient ces nouveaux organes de l’ONU de l’approche la plus globalement inclusive pour gouverner l’IA. De nombreux chefs d’État et leaders d’entreprise présents à l’Assemblée Générale ont soutenu la nécessité d’une collaboration urgente sur cette question, malgré certaines critiques des États-Unis concernant le rôle des organismes internationaux.
Quelles que soient les approches mises en œuvre, les initiatives gouvernementales pour construire des écosystèmes d’IA fiables sont essentielles pour faire progresser l’IA responsable. Les Principes Directeurs Internationaux du Processus de Hiroshima, établis par les leaders du G7, soulignent que des cadres de gouvernance responsables sont fondamentaux pour réaliser les bénéfices de l’IA tout en gérant ses risques.
Ce point de vue est renforcé par le rapport du Forum intitulé Advancing Responsible AI Innovation, qui montre que l’IA responsable n’est pas une contrainte à l’innovation, mais plutôt un élément clé qui permet à l’IA de se développer de manière sécurisée, durable et inclusive dans la société.
Ce rapport, produit par l’Alliance pour la Gouvernance de l’IA du Forum en collaboration avec Accenture, fait une série de recommandations sur la manière dont les organisations, en coopération avec les gouvernements, peuvent opérationnaliser les principes de l’IA responsable à travers trois dimensions : alignement de la stratégie d’entreprise et de l’innovation en matière d’IA responsable, augmentation et incitation de la capacité organisationnelle pour l’IA responsable, et supervision du cycle de vie du développement, de l’acquisition et de l’utilisation de l’IA responsable.
Il souligne l’importance d’un écosystème solide et collaboratif qui favorise les partenariats public-privé et la coopération internationale.
Comme l’a noté le Premier ministre espagnol lors de l’Assemblée Générale de l’ONU : « La montée de l’IA est inévitable, mais elle ne peut pas être ingouvernable ». Assurer que chacun ait une voix dans la manière dont la technologie est gouvernée sera crucial pour son succès.