AI et responsabilité : Le risque ESG émergent que les investisseurs institutionnels ne peuvent ignorer
Dans un contexte où l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle de plus en plus important dans le monde des affaires, la nécessité d’une gouvernance solide des technologies d’IA devient cruciale. Un récent projet de résolution d’actionnaires a été déposé par un syndicat canadien, demandant à Thomson Reuters de renforcer son cadre de gouvernance de l’IA pour répondre aux attentes des investisseurs en matière de droits humains et de confidentialité.
Le cadre de gouvernance de l’IA
La proposition du British Columbia General Employees’ Union (BCGEU) appelle la société à aligner son cadre de gouvernance de l’IA avec les Principes directeurs des Nations Unies (UNGPs) en matière de droits humains et d’entreprises. Ce cadre vise à évaluer si les principes de confiance hérités de l’entreprise sont adaptés pour naviguer à travers les risques liés à l’IA qui augmentent.
Les risques associés à l’IA
Bien que l’IA offre des avantages indéniables, le BCGEU a mis en lumière les abus potentiels de la technologie, les problèmes liés à la confidentialité des données, ainsi que les préjugés algorithmiques et d’autres préoccupations en matière de droits humains qui préoccupent les investisseurs. La réunion annuelle des actionnaires de Thomson Reuters est prévue pour le 4 juin, où cette proposition sera discutée.
Les implications des produits d’IA
La résolution soutient que les entreprises développant et licenciant des technologies d’IA font face à des risques juridiques, réglementaires et réputationnels croissants. Il est avancé que voter en faveur de cette proposition serait dans l’intérêt des actionnaires, compte tenu de l’exposition croissante de Thomson Reuters à ces risques.
« Nous soutenons que le rôle de la société dans ces pratiques controversées représente un risque pour les investisseurs », indique la proposition. « À mesure que [Thomson Reuters] élargit ses offres de technologies d’IA, le risque pourrait augmenter. »
Les produits d’IA de Thomson Reuters
Thomson Reuters a réalisé plusieurs investissements dans l’IA au cours des dernières années, y compris le développement de nouveaux produits et des innovations. En particulier, l’IA générative (genAI) est devenue un point focal dans le dernier rapport sur l’impact social et ESG de l’entreprise.
La proposition souligne que les produits d’IA de la société, y compris les outils genAI, sont « directement liés » à des raids d’immigrants et à des déportations aux États-Unis, ce qui a été largement reconnu comme une violation de plusieurs droits.
Les préoccupations relatives à la confidentialité
Un exemple clé est l’outil d’évaluation et de reporting d’investigation (CLEAR), utilisé par les agences gouvernementales américaines telles que l’Immigration et les douanes. Selon la proposition, CLEAR peut capturer des milliards de points de données, y compris des dossiers d’arrestation, des données de géolocalisation en temps réel et d’autres informations sensibles, suscitant des inquiétudes en matière de droits humains et de confidentialité.
Thomson Reuters a également réglé un procès de 27,5 millions de dollars concernant la vente non autorisée de données personnelles via CLEAR, ce qui a entraîné des améliorations des mesures de protection de l’outil.
Les positions de l’entreprise
En réponse à la proposition, Thomson Reuters a recommandé à ses actionnaires de voter contre, affirmant qu’elle dispose d’un cadre « complet » de gouvernance de l’IA et de gestion des risques. Cela inclut des principes éthiques en matière de données et d’IA, ainsi qu’une surveillance responsable de l’IA par le conseil d’administration.
Bien que la proposition reconnaisse que les principes de la société identifient certains risques liés à l’IA, elle souligne que les divulgations ne comprennent pas d’évaluation des impacts sur les droits humains.
Les tendances en matière de gouvernance de l’IA
La gouvernance responsable de l’IA et la surveillance de cette technologie deviennent des priorités croissantes pour les actionnaires, comme l’illustre l’augmentation des résolutions d’actionnaires sur ce sujet. Pour la saison de procuration 2025, un total de 17 propositions ont été déposées, contre six l’année précédente.
Aux côtés de la proposition chez Thomson Reuters, d’autres résolutions axées sur l’IA sont prévues lors des assemblées générales de cinq autres entreprises, y compris des géants de la technologie comme Amazon, Alphabet et Meta. Ces assemblées verront les actionnaires voter sur des propositions demandant un contrôle plus strict sur le développement et l’utilisation de l’IA générative.
À l’avenir, il est essentiel que les entreprises établissent des cadres de gouvernance clairs pour éviter des risques réputationnels, financiers et opérationnels significatifs liés à l’IA.