Exemptions irlandaises dans le cadre de l’Acte sur l’IA de l’UE

A compass

Les Exemptions de l’IA en Irlande

Dans le cadre du cadre réglementaire de l’Union européenne relatif à l’intelligence artificielle (IA), l’Irlande occupe une position unique grâce à une exemption concernant certaines dispositions liées à l’utilisation de l’IA dans le cadre de l’application de la loi, conformément au Considérant 40 de la Loi sur l’IA de l’UE.

Les Exemptions de l’Irlande Selon la Loi sur l’IA

Le Considérant 40 définit la position unique de l’Irlande sous la Loi sur l’IA. Ce considérant accorde des exemptions spécifiques à certaines obligations, comme indiqué ci-dessous. Ces exemptions découlent du Protocole 21 des Traités de l’UE et s’appliquent à l’Irlande, reflétant son statut distinct en matière de justice et d’affaires intérieures.

Comprendre le Protocole 21

Le Protocole 21 du Traité sur l’Union européenne (TUE) et du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) régit la participation de l’Irlande aux mesures de l’UE concernant l’Espace de liberté, de sécurité et de justice (AFSJ). Ce protocole, initialement conçu pour répondre aux préoccupations concernant la souveraineté nationale dans des domaines sensibles, permet à l’Irlande d’opter pour ou de rester en dehors de telles mesures au cas par cas.

Le protocole a été établi lors des négociations du Traité de Maastricht, reflétant à la fois la préférence de l’Irlande et du Royaume-Uni de conserver le contrôle sur la coopération judiciaire et policière dans les affaires criminelles. Bien que le départ du Royaume-Uni de l’UE ait modifié l’application du Protocole 21, l’Irlande continue de bénéficier de ses dispositions, permettant une approche adaptée à la législation de l’UE dans ces domaines.

Ce dont l’Irlande est Exemptée

Le Considérant 40 stipule que l’Irlande n’est pas liée par plusieurs dispositions clés de la Loi sur l’IA, en particulier celles qui concernent la coopération policière et judiciaire dans les affaires criminelles. Cela inclut :

  • Article 5(1), Point (d) : Interdictions d’utiliser des systèmes d’IA pour des évaluations de risque prédisant la probabilité que des individus commettent des infractions criminelles.
  • Article 5(1), Point (g) : Restrictions sur les systèmes de catégorisation biométrique qui infèrent des attributs sensibles, tels que la race ou les croyances politiques, à des fins d’application de la loi.
  • Article 5(1), Point (h) : Utilisation de systèmes d’identification biométrique à distance « en temps réel » dans des espaces publics à des fins d’application de la loi.
  • Article 26(10) : L’obligation pour les déployeurs de systèmes d’IA à haut risque utilisés dans l’application de la loi d’obtenir une autorisation judiciaire ou administrative pour l’identification biométrique à distance postérieure.
  • Articles 5(2) à 5(6) : Autres obligations procédurales liées aux pratiques d’IA interdites décrites dans l’Article 5.

Pourquoi Ces Exemptions Existent

Ces exemptions sont liées à la décision de l’Irlande de ne pas adhérer aux cadres de l’UE régissant la coopération judiciaire et policière, sauf accord explicite, comme codifié dans le Protocole 21 des Traités. Les activités couvertes par ces dispositions croisent des domaines de souveraineté que l’Irlande a choisi de conserver en dehors de la compétence de l’UE en vertu du Protocole 21.

Par exemple, le traitement des données personnelles par les autorités judiciaires est toujours régi par la propre mise en œuvre par l’Irlande de la Directive (UE) 2016/680, la Directive sur l’application de la loi.

Implications Pratiques

Les exemptions de l’Irlande garantissent que les dispositions de la Loi sur l’IA ne contraignent pas son autonomie dans des domaines jugés critiques pour la sécurité nationale et l’application de la loi. Par exemple :

  • Les autorités irlandaises peuvent réglementer indépendamment l’utilisation de systèmes d’IA biométriques dans les enquêtes criminelles sans être soumises aux restrictions de l’UE.
  • L’option de ne pas participer assure une flexibilité dans le déploiement de systèmes d’IA à haut risque adaptés aux exigences légales et opérationnelles spécifiques de l’Irlande.

Cependant, cette autonomie ne signifie pas que l’Irlande échappe entièrement à la surveillance. Les mesures nationales doivent toujours être conformes au Règlement général sur la protection des données (RGPD) et à la Directive (UE) 2016/680. De plus, l’Irlande reste responsable de veiller à ce que ses pratiques en matière d’IA respectent les droits fondamentaux tels que définis dans la Charte de l’UE.

Il est important de noter qu’il n’est pas question que l’Irlande ne puisse pas mettre en œuvre les réglementations de la Loi sur l’IA concernant l’application de la loi, et le Considérant 40 précise que l’Irlande peut appliquer ces règles dans sa propre législation nationale si elle le souhaite.

Conclusion

Les exemptions de l’Irlande en vertu de la Loi sur l’IA reflètent sa relation nuancée avec le droit de l’UE tel que régulé par le Protocole 21. Bien que ces exemptions offrent une flexibilité en ce qui concerne l’IA et l’AFSJ, elles placent également la responsabilité sur les décideurs irlandais de veiller à ce que les mesures nationales soient alignées sur les principes plus larges de l’UE en matière de droits fondamentaux et de protection des données. À mesure que l’IA continue de transformer des secteurs clés, l’approche de l’Irlande, quelle qu’elle soit, pourrait servir de cas d’étude dans l’équilibre entre les intérêts nationaux et les obligations internationales.

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