La violation probable de la loi sur l’IA de l’UE par l’utilisation de la reconnaissance faciale en Hongrie
Dans le cadre de la dernière modification de la loi hongroise sur la protection des enfants, le plan de Viktor Orbán d’utiliser des systèmes de reconnaissance faciale contre les participants aux événements de fierté constitue une probable violation des lois sur la protection des données et de l’IA de l’UE.
Interdiction de l’utilisation de la reconnaissance faciale
La reconnaissance faciale, utilisée comme identification en temps réel pour permettre à la police de surveiller les zones publiques et d’identifier des personnes d’intérêt, est en principe prohibée par la loi sur l’IA de l’UE. Toutefois, la police peut l’utiliser sous certaines circonstances exceptionnelles, telles qu’une menace à la sécurité nationale ou au terrorisme.
Amendement au parlement hongrois
Selon un amendement soumis au Parlement hongrois, le parti d’Orbán interdirait les événements de fierté, arguant que cette assemblée serait contraire aux prohibitions énoncées dans la loi sur la protection des enfants. La proposition permettrait également à la police d’utiliser des logiciels de reconnaissance faciale pour identifier les participants.
Les implications de la loi sur l’IA de l’UE
Dr Laura Caroli, qui a négocié les règles de l’IA de l’UE pour le Parlement européen, a expliqué que l’utilisation de la reconnaissance faciale pour de tels événements est désormais activement prohibée par la loi sur l’IA de l’UE. L’interdiction, conformément à l’article 5 de la loi sur l’IA, est rédigée de manière à interdire aux États membres d’abuser de l’utilisation de la reconnaissance faciale en direct.
Même si la Hongrie invoquait des raisons de sécurité nationale ou considérait une parade de fierté comme une menace terroriste, cela constituerait toujours une violation de la loi sur l’IA de l’UE, selon Dr Caroli.
Réactions et préoccupations
Les règles concernant les pratiques d’IA prohibées sont entrées en vigueur le 2 février. L’interdiction des parades de fierté a suscité des inquiétudes à Budapest et au-delà. Le député européen Daniel Freund, un critique vocal du gouvernement d’Orbán, a fustigé la décision, déclarant que l’abolition du droit de réunion et l’imposition de cette mesure avec un logiciel de reconnaissance faciale ressemblent à quelque chose qu’on pourrait voir en Russie ou en Chine.
Freund a ajouté que Viktor Orbán ne fait même plus semblant de respecter les valeurs démocratiques. L’UE doit réagir à cette autocratisation rapide et cesser de transférer des fonds européens au régime d’Orbán.
Conséquences pour les droits des participants
Le Helsinki Committee, une ONG, a déclaré que cet amendement violerait les droits à la protection des données personnelles des participants aux événements de fierté, mais également de toute personne dont l’image faciale serait enregistrée par la police pendant l’action et ensuite identifiée sur cette base.
Cependant, il appartiendra aux autorités de protection des données hongroises d’appliquer la liste des prohibitions de la loi sur l’IA, et d’autres États membres pourront s’opposer à des mesures s’ils s’y opposent, a précisé Dr Caroli.
L’application de la loi sur l’IA par les autorités hongroises et d’autres États membres nécessitera du temps et, en attendant, ces abus peuvent malheureusement encore se produire, a-t-elle ajouté.