Les législateurs européens s’opposent aux règles de conformité volontaires de l’AI Act qui pourraient bénéficier à Google et OpenAI
La Commission européenne envisage de rendre certaines exigences de l’AI Act volontaires, une décision qui pourrait profiter aux grands développeurs d’IA tels que Google et OpenAI. Cependant, cette proposition fait face à une forte opposition de la part du Parlement européen.
Une déréglementation en cours
Depuis l’adoption de l’AI Act en 2024, le climat politique a significativement changé. Alors que la loi avait été conçue avec la sécurité à l’esprit, les préoccupations concernant la compétitivité européenne ont conduit à des appels en faveur d’une approche plus libérale qui pourrait favoriser l’innovation.
En février, la Commission a retiré une proposition de directive sur la responsabilité de l’IA, déclarant qu’il n’y avait « aucune possibilité d’accord prévisible » sur la législation. Parallèlement, elle a annoncé son intention de réduire la bureaucratie, y compris des mesures pour modifier les règles d’audit, de comptabilité et de durabilité.
Pressions américaines
La poussée de déréglementation de l’UE est en partie une réponse à la croissance économique stagnante du bloc, mais la pression de l’administration américaine a également joué un rôle. Un récent mémo de la Maison Blanche a cité directement la Digital Markets Act et la Digital Services Act de l’UE, tout en laissant entendre que l’AI Act pourrait également être considéré comme une menace pour les entreprises américaines.
Dans ce contexte géopolitique, les grandes entreprises technologiques américaines seraient parmi les plus grands bénéficiaires de toute mesure visant à affaiblir l’AI Act. Par exemple, Google et OpenAI seraient soumis à un fardeau de conformité beaucoup plus léger si les exigences de reporting en matière d’IA devenaient volontaires.
Avertissements des députés européens
Des membres du Parlement européen (MEPs) qui ont contribué à la négociation de l’AI Act ont écrit à la Commission pour s’opposer à toute mesure visant à affaiblir l’AI Act, le qualifiant de « dangereux » et « antidémocratique ». Dans leur lettre, ils ont souligné que si les développeurs d’IA ne sont pas tenus à des normes élevées de sécurité, « les conséquences pourraient profondément perturber l’économie et la démocratie en Europe ».
Malgré cela, les MEPs disposent de peu de pouvoir pour bloquer les modifications de la Commission si celle-ci décide de les poursuivre. Cependant, les États membres peuvent encore exercer leur influence, et la France est susceptible de soutenir la Commission, ayant résisté aux appels en faveur d’une réglementation plus stricte tout au long du processus.