Politique de l’IA pour les universités et CÉGEPs du Québec
Le Québec a récemment publié une politique sur l’IA destinée aux établissements d’enseignement supérieur, incluant les universités et les CÉGEPs. Cette annonce intervient presque trois ans après le lancement de ChatGPT, et soulève des préoccupations concernant les meilleures pratiques d’utilisation de l’IA ainsi que son impact sur l’apprentissage des étudiants et sur les considérations éthiques.
Directives du gouvernement
Le mois dernier, le gouvernement du Québec a présenté ses directives sur l’IA générative dans l’enseignement supérieur. Deux documents politiques ont été publiés : un cadre qui définit les principes directeurs et les considérations éthiques, ainsi qu’un guide pratique fournissant des recommandations pour l’implémentation des politiques d’IA au sein des établissements d’enseignement.
Selon Pascale Déry, ministre de l’Éducation supérieure, « l’IA fait désormais partie du paysage de l’enseignement supérieur, et nous devons trouver des moyens de nous adapter et de tirer parti de cette nouvelle technologie. »
Consultation et élaboration des documents
Les documents ont été élaborés par l’organisation IVADO, qui a agi en tant qu’instance de concertation nationale sur l’intelligence artificielle en enseignement supérieur. Cette élaboration a été précédée de consultations avec des étudiants et des professeurs d’université, ainsi que d’une analyse des politiques d’IA développées par d’autres institutions postsecondaires.
Les principes mis en avant soulignent l’importance de maintenir l’humain au centre des décisions, même si des outils d’IA comme les chatbots peuvent offrir un premier niveau de soutien. Les documents appellent également à une consultation plus large au sein des institutions, tout en mettant l’accent sur l’accessibilité et les considérations éthiques.
Utilisation de l’IA dans l’éducation
Le guide pratique fournit divers exemples d’utilisation de l’IA générative, tant pour les activités en classe que pour des services aux étudiants, tels que le soutien psychosocial et le conseil. À l’Université Concordia, le centre pour l’enseignement et l’apprentissage a publié les « Directives pour l’enseignement avec l’intelligence artificielle générative » en novembre 2023. Ces directives, tout comme le guide du ministère, incluent des considérations sur la vie privée et l’éthique.
Les directives recommandent également aux enseignants d’indiquer explicitement leur politique sur l’IA dans les syllabi de cours. Bien qu’aucun outil spécifique ne soit recommandé, il est précisé que l’utilisation d’outils non autorisés pour détecter le plagiat basé sur l’IA est prohibée.
Préoccupations et défis
Des universitaires comme Stephen Yeager, professeur dans le département d’anglais, expriment des préoccupations concernant l’impact de l’IA générative sur les compétences d’écriture et de raisonnement des étudiants. « Si je pouvais garantir que mes étudiants n’utilisent pas d’IA, je le ferais sans hésiter », déclare-t-il. Cependant, il reconnaît la facilité d’accès aux outils d’IA et leur caractère de plus en plus incontournable.
Benoit Lacoursière, président de la fédération des enseignantes et des enseignants du Québec, souligne que l’adoption de l’IA dans les institutions nécessite du temps et de la formation, et demande davantage de subventions pour l’éducation supérieure afin de compenser les coupes budgétaires.
En conclusion, la politique de l’IA du Québec pour les universités et CÉGEPs vise à établir un cadre éthique et pratique pour l’intégration de l’IA dans l’éducation, tout en soulevant des questions critiques sur son utilisation et ses effets sur l’apprentissage des étudiants.