Nouvelles Règles de Responsabilité pour l’IA en Europe

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La Législation de l’UE Après la Loi sur l’IA : Bruxelles Envisage de Nouvelles Règles de Responsabilité

La Commission européenne a ouvert une consultation sur une Directive de Responsabilité de l’IA (AILD) proposée. Cette directive établirait un régime de responsabilité pour les développeurs et utilisateurs d’IA.

Les principales questions que la consultation explorera incluent la nécessité d’une telle directive et si une nouvelle législation devrait exiger une assurance responsabilité pour l’IA.

Avec l’entrée en vigueur officielle de la Loi sur l’IA, les législateurs se tournent vers la prochaine proposition législative visant la technologie de l’intelligence artificielle. Premièrement proposée en 2022, la AILD établirait un cadre de responsabilité civile unifié à l’échelle de l’UE pour les dommages causés par les systèmes d’IA. Cependant, une consultation lancée le 3 février révèle des opinions divisées sur cette législation proposée.

La Nécessité de Nouvelles Règles pour l’IA

Lorsque la Commission européenne a initialement proposé la AILD, l’IA était régulée par un patchwork de lois nationales et européennes, dont beaucoup avaient été rédigées dans des contextes technologiques complètement différents.

Depuis lors, la Loi sur l’IA a harmonisé le cadre réglementaire couvrant l’utilisation et le développement de cette technologie. En 2024, l’UE a également mis à jour la Directive sur la Responsabilité des Produits (PLD) pour l’adapter à l’ère numérique, incorporant une nouvelle section sur les « logiciels et systèmes d’IA » qui précise les responsabilités des développeurs envers les utilisateurs.

Cependant, certains acteurs soutiennent que la PLD couvre déjà tous les scénarios de responsabilité potentiels liés à l’IA, rendant la AILD redondante. Néanmoins, une évaluation d’impact du Parlement européen a conclu que plusieurs questions demeurent sans réponse dans la PLD révisée.

La PLD établit uniquement la responsabilité pour les utilisateurs professionnels ou d’entreprise d’IA, laissant un vide réglementaire pour les dommages causés par des utilisateurs non professionnels.

De plus, la PLD spécifie actuellement une gamme étroite de dommages éligibles à une compensation, créant ainsi d’importantes lacunes de couverture. Par exemple, la directive ne couvre pas les situations où l’IA entraîne des résultats discriminatoires, des violations des droits à la vie privée ou des questions concernant l’impact environnemental des systèmes d’IA.

Les Législateurs Envisagent d’Exiger une Assurance Responsabilité pour l’IA

Une des questions posées par la consultation sur la AILD est de savoir si la directive proposée devrait inclure une obligation d’assurer les risques de responsabilité liés à l’IA. La position de la Commission européenne est que tous les opérateurs de systèmes d’IA à haut risque devraient posséder une assurance responsabilité.

Cela pourrait imposer des coûts supplémentaires significatifs aux entreprises qui développent des technologies considérées comme à haut risque. Par exemple, les développeurs d’outils de surveillance biométrique pourraient être tenus de s’assurer contre le risque de fausses identifications.

La consultation soulève également la question de savoir si les assureurs disposent de suffisamment de données pour souscrire efficacement aux risques liés à l’IA. Un rapport récent de Deloitte a identifié un manque global de produits d’assurance liés à l’IA, notant que « l’absence de données historiques sur le rendement des modèles d’IA et la rapidité avec laquelle ils évoluent compliquent l’évaluation et la tarification des risques. »

Prochaines Étapes de la Directive de Responsabilité de l’IA

Suite à la consultation de six semaines, le rapporteur de la AILD au Parlement européen, Axel Voss, présentera ses conclusions en juin. Il ouvrira ensuite une seconde consultation de douze semaines.

Le Parlement et la Commission européenne tiendront des négociations sur la directive proposée entre septembre et décembre. La Commission des affaires juridiques devrait voter sur le document final en janvier 2026, avant une session plénière finale en février.

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