IA et Droit du travail : défis et opportunités dans le milieu de travail moderne
Les solutions d’intelligence artificielle (IA) sont de plus en plus présentes dans le monde du travail. Qu’il s’agisse d’outils utilisés lors du recrutement, de l’écriture d’emails, de la gestion du développement des compétences ou de l’anticipation du turnover, les employeurs disposent d’une multitude d’outils pour intégrer l’IA dans leurs ressources humaines.
Cependant, le développement de l’IA entraîne des problèmes juridiques et des préoccupations, notamment en ce qui concerne les pratiques discriminatoires qui peuvent découler de l’utilisation de ces technologies. Les entreprises doivent anticiper les changements que l’IA implique dans le milieu de travail.
Utilisation de l’IA par les RH
L’IA peut être utilisée dans de nombreuses tâches traditionnelles des ressources humaines :
- Tri des CV : Les systèmes d’IA peuvent analyser des milliers de CV pour déterminer, selon des critères prédéfinis, les profils les mieux adaptés aux descriptions de poste.
- Anticipation des démissions : L’IA peut identifier quels employés sont susceptibles de démissionner, quand et pour quelles raisons, permettant ainsi d’alerter lorsqu’un certain nombre de critères sont remplis.
- Optimisation de l’organisation du temps de travail : Cela est particulièrement courant dans les entreprises de livraison de colis et de logistique.
Bien que ces outils permettent un gain de temps et une efficacité accrue, ils présentent des risques de discrimination en raison de biais potentiels dans les données d’entraînement utilisées pour alimenter les algorithmes.
Un article récent de Terra Nova souligne que l’IA générative peut également offrir des opportunités tout au long de la vie professionnelle. Contrairement à certaines études alarmistes, cet article met en avant que l’IA générative peut faciliter l’accès au marché du travail, réduire la discrimination et promouvoir l’avancement professionnel, à condition que les autorités publiques et les employeurs prennent des décisions appropriées.
Restructuration des lois du travail pour protéger les employés ?
L’utilisation de l’IA dans le milieu de travail nécessitera des cadres réglementaires pour maximiser ses avantages tout en atténuant ses effets négatifs potentiels. La réglementation générale sur la protection des données (RGPD) impose certaines limites, notamment l’interdiction de profilage.
La loi sur l’IA de l’UE, entrée en vigueur en juin 2024, prévoit des règles protégeant les employés. Elle s’applique aux déployeurs de systèmes d’IA au sein de l’UE, ce qui inclut de nombreux employeurs utilisant l’IA sous leur autorité.
Selon cette loi, les systèmes d’IA à haut risque, tels que ceux liés à l’accès à l’emploi et à la gestion des travailleurs, doivent être accompagnés d’informations fournies aux représentants du personnel.
Utilisation de l’IA par les employés et risques pour les employeurs
Si certains considèrent l’IA comme une menace pour les employés, il est également crucial de prendre en compte les risques pour les employeurs provoqués par l’utilisation de l’IA par les employés eux-mêmes. Les employés peuvent produire des textes et des images sans en informer leur employeur, ce qui soulève des questions de confidentialité et de conformité aux réglementations.
IA et dialogue social
Il n’existe pas de consensus sur les conséquences de l’IA sur la productivité et l’emploi. Bien que l’IA puisse automatiser une partie substantielle des emplois actuels, elle est également perçue par de nombreux dirigeants comme une opportunité. En effet, l’IA peut assister dans l’analyse des données, le service client et la prise de décision, permettant aux employés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Dans ce contexte, les représentants du personnel jouent un rôle clé dans le déploiement de l’IA dans les entreprises. Des négociations avec les syndicats peuvent également être menées pour établir des accords professionnels adaptés aux évolutions du métier dues à l’IA.
Les entreprises sont donc encouragées à mettre en œuvre des politiques d’IA pour réguler son utilisation au travail, tout comme elles l’ont fait lors de l’introduction des emails et de l’accès à Internet.