Newsletter sur la Loi AI de l’UE #77 : Appel d’offres pour l’AI Office
Cette édition de la newsletter sur la Loi AI de l’UE présente les derniers développements concernant les projets de réglementation de l’intelligence artificielle au sein de l’Union Européenne.
Processus législatif
Appel d’offres pour l’AI Office : L’AI Office va bientôt rechercher des contractants tiers pour fournir une assistance technique afin de soutenir le suivi de la conformité, notamment dans l’évaluation des risques posés par les modèles d’IA à usage général au niveau de l’Union, comme autorisé par les Articles 89, 92 et 93 de la Loi AI. L’appel d’offres de 9 080 000 € est divisé en six lots. Cinq lots traitent de risques systémiques spécifiques : 1) CBRN, 2) cybercriminalité, 3) perte de contrôle, 4) manipulation nuisible et 5) risques sociotechniques. Ces lots incluent des ateliers de modélisation des risques, le développement d’outils d’évaluation, la création d’une procédure de référence et d’un modèle de rapport pour l’évaluation des risques, ainsi que des services de suivi des risques en cours. Le sixième lot se concentre sur l’interface d’évaluation agentique, fournissant des logiciels et une infrastructure pour évaluer l’IA à usage général à travers divers critères.
Analyses
Comment les grandes entreprises technologiques affaiblissent les règles sur l’IA avancée : Selon une enquête menée par Corporate Europe Observatory et LobbyControl, les grandes entreprises technologiques ont fortement influencé l’affaiblissement du Code de pratique pour les modèles d’IA à usage général, un outil clé pour la mise en œuvre de la Loi AI. Malgré les plaintes de Google concernant un déséquilibre entre les développeurs de modèles et les autres parties prenantes, ces entreprises ont bénéficié d’un accès privilégié au processus de rédaction. Près de la moitié des organisations invitées à des ateliers dédiés étaient des entreprises américaines, y compris Google, Microsoft, Meta, Apple, Amazon, ainsi que des entreprises d’IA bien financées comme OpenAI, Anthropic et Hugging Face. En revanche, les 350 organisations représentant la société civile, les universitaires et les entreprises européennes ont été confrontées à une participation restreinte et à un manque de transparence sur les discussions.
Les géants de la technologie américaine ont coordonné des messages affirmant que le Code représentait un « excès réglementaire » qui « étoufferait l’innovation », une rhétorique alignée sur les tendances politiques de déréglementation. Les grandes entreprises ont réussi à utiliser le gouvernement américain pour s’opposer aux règles numériques de l’UE, notamment avec l’ordre exécutif de l’administration Trump menaçant des tarifs contre les pays pénalisant les entreprises technologiques américaines.
Les entreprises américaines continuent de s’engager malgré Trump : Des rapports indiquent que les entreprises technologiques américaines restent « très proactives » dans le développement du Code de pratique, sans changement d’attitude perçu après le changement d’administration américaine. Le Code, conçu pour aider les fournisseurs d’IA à usage général à se conformer à la Loi AI, n’a pas respecté son délai de publication prévu. La Commission a prolongé les consultations après avoir reçu de multiples demandes des parties prenantes pour maintenir l’engagement au-delà du calendrier initial.
Des contraintes financières et un manque d’expertise entravent l’application de la Loi AI : Des experts soulignent que les contraintes financières et le manque de talents constitueront des défis majeurs pour l’application de la Loi AI. De nombreux États membres sont en difficulté financière et perdent des experts techniques au profit d’entreprises technologiques mieux rémunérées. Cette combinaison de manque de financement et de talents posera des défis à la régulation efficace des entreprises d’IA.
Échec de l’Italie et de la Hongrie à nommer des organes de droits fondamentaux : L’Italie et la Hongrie n’ont pas réussi à respecter la date limite pour nommer les organes responsables de la protection des droits fondamentaux dans le déploiement de l’IA, comme l’exige la Loi AI. La Commission travaille avec ces deux États membres pour les aider à répondre à cette obligation.
Comparaison entre la législation AI de la Corée et de l’UE : Une analyse comparative entre le Cadre de l’IA de la Corée du Sud et la Loi AI de l’UE met en évidence des différences clés. Bien que les deux cadres emploient des exigences de classification et de transparence, l’approche sud-coréenne se distingue par une catégorisation des risques simplifiée et des pénalités financières plus faibles.