Loi sur l’intelligence artificielle au Kazakhstan : Un parcours ambitieux inspiré par l’UE
Avec l’approbation de son projet de loi sur l’Intelligence Artificielle (IA) en mai, la chambre basse du parlement kazakh, la Mazhilis, envoie un signal fort concernant son intention de réguler l’IA d’une manière centrée sur l’humain.
Ce projet de loi reflète des tendances mondiales majeures en matière de réglementation de l’IA. Le modèle du Règlement sur l’IA de l’UE sert d’inspiration. Les responsables affirment que le Kazakhstan ne cherche pas simplement à rattraper son retard, mais à prendre les devants, en élaborant un cadre adapté aux valeurs et besoins nationaux, tout en favorisant la confiance entre les humains et les algorithmes.
Une approche globale
La législation repose sur des principes fondamentaux tels que l’équité, la légalité, la responsabilité et un engagement envers le bien-être humain. Elle prohibe la collecte de données non autorisée et envisage d’introduire une responsabilité pénale pour les abus de systèmes d’IA à grande échelle présentant des risques pour le public.
Les experts soulignent la nécessité urgente de reformer les professionnels de l’informatique, en particulier dans la conception de systèmes d’IA et l’éthique numérique, afin de préparer la main-d’œuvre à cette évolution.
Un équilibre délicat
Le président de la commission des droits de l’homme du Kazakhstan a averti que sans des cadres juridiques appropriés, l’IA pourrait représenter des risques pour les droits fondamentaux. Il évoque trois préoccupations clés :
- Qui porte la responsabilité lorsque l’IA cause des dommages ?
- Qui possède le contenu produit par l’IA ?
- Comment empêcher l’IA d’être utilisée pour la fraude ou la tromperie ?
Le système judiciaire kazakh a déjà commencé à utiliser l’IA pour rédiger des décisions dans des affaires civiles, marquant ainsi le début de l’intégration de l’IA dans les institutions publiques, bien que les juges conservent l’autorité finale.
Des lacunes réglementaires
Une étude académique récente a effectué une analyse juridique comparative de la législation sur l’IA du Kazakhstan et du Règlement de l’UE. Elle conclut que, bien que le Kazakhstan adopte des éléments d’une approche basée sur les risques, son cadre reste sous-développé dans quatre domaines clés :
- Absence d’un système clair de classification des risques
- Exigences insuffisantes en matière de transparence algorithmique
- Protections des données personnelles limitées
- Manque d’institutions solides pour faire respecter la loi
Les auteurs de l’étude soutiennent que le Kazakhstan pourrait bénéficier d’une adoption sélective d’éléments du modèle de l’UE, adaptés au contexte juridique national. Ils soulignent l’importance d’établir des normes réglementaires claires, des réformes en matière de protection des données et une capacité institutionnelle accrue pour garantir la conformité.
Bien que les efforts législatifs soient prometteurs, les auteurs concluent qu’un travail supplémentaire est nécessaire. S’inspirer de l’expérience de l’UE pourrait aider le Kazakhstan à bâtir un écosystème d’IA responsable et de confiance – un écosystème qui protège les droits des citoyens tout en attirant des partenariats et des investissements mondiaux.