Défis et Opportunités du Code de Pratique sur l’IA Générale en Europe

A magnifying glass to signify scrutiny and oversight in AI practices.

Publication du troisième projet de code de pratique de l’IA générale par le bureau de l’UE : enjeux clés liés au droit d’auteur

Le bureau de l’UE a récemment publié son troisième projet de code de pratique lié à l’IA générale, qui aborde des aspects importants du droit d’auteur dans le cadre de l’Acte sur l’IA de l’UE.

Ce code de pratique résume les aspects clés du droit d’auteur de ce projet, en définissant les engagements et mesures que doivent respecter les fournisseurs de modèles d’IA générale (GPAI), qu’ils soient soumis ou non à des « risques systémiques ». Les dispositions clés de l’Acte sur l’IA concernant les modèles GPAI entreront en vigueur en août 2025. Les fournisseurs qui deviennent signataires du code de pratique peuvent bénéficier d’une considération favorable lors de l’évaluation de leur conformité avec l’Acte sur l’IA, bien que la conformité avec le code ne garantisse pas automatiquement celle de l’Acte.

Portée substantielle des obligations en matière de données d’entraînement

Une obligation majeure dans le cadre de l’Acte sur l’IA concerne l’utilisation des données d’entraînement. Les fournisseurs de modèles GPAI doivent établir des politiques conformes à la législation de l’UE sur le droit d’auteur et les droits connexes. Ces politiques doivent garantir que si un titulaire de droits a déclaré que son contenu protégé ne peut pas être utilisé pour l’entraînement de l’IA (opt-out), cette option est respectée.

Un tribunal allemand a interprété cette obligation d’une manière relativement large, englobant toute déclaration lisible par machine, y compris une déclaration en langage naturel. Le code de pratique précise désormais ces obligations et distingue entre les instructions exprimées conformément au protocole d’exclusion des robots (robots.txt) et tout autre protocole lisible par machine approprié. Bien que les protocoles robots.txt doivent être considérés dans tous les cas, les obligations des fournisseurs à considérer d’autres protocoles sont limitées à un usage de « meilleurs efforts ».

Le code de pratique en résumé

Comparé au deuxième projet, le troisième projet de code de pratique est significativement plus rationalisé, avec une articulation plus claire des engagements individuels. Les mesures globales relatives à la conformité au droit d’auteur ont été limitées aux points suivants :

  • Mesure I.2.1(1)/(2) : Les signataires (1) doivent élaborer, tenir à jour et mettre en œuvre une politique de droits d’auteur et (2) sont encouragés à publier un résumé de leur politique interne en matière de droits d’auteur.
  • Mesure I.2.2 : Les signataires peuvent reproduire et extraire uniquement le contenu protégé par des droits d’auteur légalement accessible lors de l’exploration du web. En particulier, (1) ils ne peuvent pas contourner les mesures de protection technologique efficaces, y compris les murs payants, et (2) ils doivent faire des efforts raisonnables pour ne pas explorer les domaines de piratage.
  • Mesure I.2.3
    • (1) : Les signataires doivent identifier et respecter les réservations de droits (opt-out) lors de l’exploration du web. En particulier, ils (1) ne peuvent employer que des robots d’exploration qui lisent et suivent les instructions exprimées conformément aux robots.txt et (2) doivent faire de leur mieux pour identifier et respecter d’autres protocoles lisibles par machine appropriés.
    • (2) : Les signataires doivent prendre des mesures raisonnables pour permettre aux titulaires de droits d’obtenir des informations sur les robots d’exploration utilisés et leurs caractéristiques robots.txt ainsi que d’autres mesures adoptées pour identifier et respecter les opt-outs.
  • Mesure I.2.4 : Les signataires doivent faire des efforts raisonnables pour obtenir des informations adéquates concernant le contenu protégé exploré par des tiers, y compris si leurs robots d’exploration lisent et suivent les instructions robots.txt.
  • Mesure I.2.5 : Les signataires doivent atténuer le risque de production de résultats enfreignant le droit d’auteur par (1) la conception du modèle GPAI (efforts raisonnables) et (2) l’interdiction des utilisations enfreignant le droit d’auteur dans les contrats en aval.
  • Mesure I.2.6 : Les signataires doivent désigner un point de contact et permettre le dépôt de plaintes.

Pensées finales

Naviguer dans le droit d’auteur en matière d’IA au sein de l’Union européenne nécessite un mélange de connaissances juridiques et de planification pratique, car il existe des différences matérielles entre, par exemple, le droit d’auteur américain et européen. À titre d’illustration, la doctrine du « fair use » telle qu’entendue dans le droit d’auteur américain (qui est très pertinente pour l’entraînement lié à l’IA) n’est pas reconnue par le droit de l’UE de la même manière. Au lieu de cela, le droit de l’UE applique des exceptions et/ou limitations écrites au droit d’auteur.

En ce qui concerne l’entraînement de l’IA, l’exception de textes et données minéralisés (TDM) prévue aux articles 3 et 4 de la directive (UE) 2019/790 (DSM-D) est la plus importante, mais les détails de son application à l’entraînement de l’IA restent flous en raison d’un manque de jurisprudence jusqu’à présent. De plus, de futurs jugements ou clarifications réglementaires pourraient éclaircir les interactions entre le droit d’auteur de l’UE et celui hors de l’UE concernant l’entraînement de l’IA réalisé en dehors de l’UE.

Il est essentiel de noter que l’Acte sur l’IA, la législation sur le droit d’auteur de l’UE et d’autres lois de l’UE (y compris le Règlement général sur la protection des données) fonctionnent en parallèle. Il est à noter que l’Acte sur l’IA établit les obligations des fournisseurs (et d’autres parties prenantes de l’IA) tandis que le droit d’auteur régit les droits et les recours individuels potentiels contre ces parties prenantes de l’IA.

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